Sois comme un Roi dans ton coeur
Dans cet ouvrage sous forme d’entretiens, Jacqueline Kelen répond aux questions d’Anne Ducrocq, et nous permet ainsi de pénétrer plus intimement au cœur de sa pensée.
Au démarrage de Sois comme un Roi dans ton coeur (Ed. Labor et Fides), J. Kelen commence par faire l'éloge des livres’… les livres (…) sont aptes à éveiller la liberté en l’être humain. La culture comme arme contre la barbarie.’ (p24). Elle qui a écrit une trentaine de livres nous explique de quelle source a pu naître son travail ‘… mes livres découlent directement de mon goût de l’étude, de ma passion de connaître, de mon désir de déchiffrer ce qui se cache sous l’écorce du visible. J’aime l’écriture car c’est un art pauvre (…) tout en ajoutant à quoi correspond l’art d’écrire de façon plus générale ‘ cet art repose entièrement sur la richesse intérieure de celui qui écrit : sa culture sans doute, mais surtout son intelligence et son cœur, son imagination, sa vision des choses.’
L’auteur, aussi intransigeante qu'elle puisse l'être, pour parler des écrivains, n’hésite pas à enfoncer le clou ‘Quant à se dire écrivain (…) il faut un style, un univers très reconnaissable, une approche originale (…) quelque chose à dire de plus vaste que sa petite personne. (…) Comme tout véritable artiste, un écrivain touche à l’universel et s’inscrit dans l’intemporel, loin de se réduire à l’actualité.’(p25)
Toujours en quête d'absolu, pour J. Kelen écrire suppose de la passion mais aussi de la discipline, disons même une certaine ascèse.Spirituelle, l’auteur exprime le don à travers l’écriture. Et lire J. Kelen peut se recevoir comme un cadeau. Parce qu'elle nous incite à pousser les portes de l’excellence, à réfléchir, en particulier, à la liberté. Si elle ne s’encombre pas, elle sait enrichir son lecteur par la puissance des mots.
Ayant été orientée vers sa lecture, aujourd’hui, je me fais passeuse de ce qui me semble être une ouverture d’esprit. Autant vous prévenir, si J. Kelen pousse à la réflexion, elle rechigne à aller vers le psychologisme. Faisant une large place à la spiritualité, elle réfute la tendance psy largement répandue à notre époque ‘En voyant tous ces gens en quête de thérapies ou en analyse depuis des années, je m’étonne toujours qu’ils ne soient pas lassés de parler d’eux, de lustrer leur petite personne (…) Il y a tellement mieux à vivre que (…) de vouloir guérir de tout. (…) Le malheur personnel de chacun, c’est son égo. Mais qui ose le dire ?’
En tout cas J. Kelen, elle, ose aborder des questions sensibles : la vérité, la liberté, l’amour … avec maestria.