La poésie sauvera le monde

Dans La poésie sauvera le monde, son auteur, Jean-Pierre Siméon, défend l’idée selon laquelle la poésie doit retrouver ses lettres de noblesse dans nos sociétés. Il règne, en effet, dans notre monde un délitement des valeurs et une imprégnation par l’image alors qu’une boussole peut nous être donnée par la voix des poètes.

Nous pourrions retrouver, à travers la poésie, un sens pour vivre, un sens suggéré par une certaine articulation des mots. Selon un principe non fondé sur la certitude ou l’optimisme béat mais plutôt sur le questionnement. Parce que la poésie refuse une position arrêtée, un dogme mais ouvre à la liberté.

« S’adonner à la lecture de poèmes, c’est restaurer en soi les moyens perdus de l’intelligence, se donner à une compréhension courageuse du monde… »

Un texte engagé aussi qui nous rappelle à la conscience collective ….

« Etant donné que les mutations de la conscience collective ne se décrètent pas ni n’adviennent dans l’instant, étant donné aussi que le bon sens est la chose la moins partagée sur terre (tant que les nations régleront leurs conflits par les bombes nous ne serons pas sortis de l’enfance), la seule voie qui s’offre est celle d’une lente et patiente persuasion, celle d’une lente, patiente et obstinée insurrection poétique. »

Dans cet essai, il est sous-entendu que la société est attaquée comme la langue est attaquée, un peu comme si l’on nous racontait des histoires dans tous les sens du terme. Mais la poésie peut nous permettre de nous rapprocher d’un autre niveau de réalité.

« Il y a les vagues de surface que la fiction décrit, il y a les eaux profondes de la réalité que la poésie rejoint. »

S’il résulte de notre temps qu’il nous pousse à aller trop vite, à nous droguer à l’image, à anesthésier notre pensée et à nous maintenir dans un individualisme forcené alors la poésie a le pouvoir de nous réunir dans une démarche de qualité.

« Rendre la poésie populaire, la plus distinguée poésie, c’est venger le peuple de la vulgarité à quoi on le réduit, par le partage de la distinction. »

Et c’est, à ce titre, qu’en nous rassemblant, la poésie pourra aussi nous sauver de la barbarie du monde.

Rappelons-le, la poésie pour Jean-Pierre Siméon, directeur du Printemps des Poètes, c'est une éthique, une manière d'être, une position dans l'existence, une position dans le monde, une position par rapport à sa propre vie, une position par rapport aux autres.