Le portrait d'Oscar Wilde
Oscar Wilde ou le roi de l’aphorisme…
« Je fis de l’art une philosophie et de la philosophie un art. »
Dans le livre Oscar Wilde, Splendeur et misère d’un dandy, Daniel Salvatore Schiffer, nous dépeint le fabuleux mais tragique destin qu’incarna Oscar Wilde, romancier, essayiste, dramaturge à succès mais poète maudit…
Oscar Wilde nait le 16 octobre 1854 à Dublin au sein d’une famille bourgeoise irlandaise, protestante. Sa mère, qui cultive une certaine mégalomanie et se montre fascinée par l’Italie, sera pendant longtemps l’hôtesse du salon littéraire le plus couru de Dublin où Wilde y rencontrera des écrivains de renom.
Très tôt Wilde manifeste un goût pour la littérature et se montre très doué…
« Quand j’étais à l’école, mes camarades me considéraient comme un prodige parce que, très souvent, je faisais le pari de lire un roman en trois volumes en une demi-heure… »
A vingt ans, il part faire ses études à Oxford, lieu qu’il assimile à un paradis. C’est là qu’est né son style dandy et c’est aussi là qu’il rencontre des philosophes qui deviendront ses mentors. L’un d’eux, William Pater, lui insufflera l’art de l’hédonisme, composante du préraphaélisme et du dandysme que l’on retrouve au cœur de son roman, Le Portrait de Dorian Gray.
« Le but de la vie, c’est l’épanouissement de soi. Réaliser notre propre nature à la perfection, voilà notre raison de vivre en ce bas monde. » (Portrait de Dorian Gray – Extrait)
A cette époque, lorsqu’un de ses amis lu avait demandé ce qu’il voudrait faire dans la vie, la réponse de Wilde fut : « En tout cas, je ne serai pas un de ces vieux professeurs d’Oxford, desséchés. Je serai poète, écrivain, dramaturge. D’une façon ou d’une autre, je serai célèbre, quitte à avoir mauvaise réputation. »
C’est à la fin de ces quatre années à Oxford que Wilde va contracter auprès d’une prostituée la syphilis qui l’emportera vingt deux ans plus tard.
En bon intellectuel de l’époque, il fait un voyage en Italie qui lui inspire son poème, En vue de l’Italie. Il se rend à Florence, puis Venise, ville dont il dira qu’elle est la rencontre de l’Orient et de l’Occident. A Rome, il se recueille, au cimetière protestant, sur les tombes de ses poètes préférés, Keats et Shelley.
Entre sa sortie d’Oxford et son mariage avec Constance Lloyd en 1884, Wilde connaitra une ascension sociale au sein des milieux artistico-littéraires. Il fait des conférences jusqu’en Amérique. Sa première pièce sera jouée à New York. C’est aussi là qu’il pose dans son manteau au col et aux manches en fourrure, célèbre cliché qui le représente en dandy, tenant une canne à pommeau. En arrivant en Amérique, lorsque les douaniers lui demandent ce qu’il a à déclarer, il leur répond : «Je n’ai rien à déclarer, si ce n’est mon génie. »
En 1882, Wilde rencontre celui qu’il considère comme le plus grand poète américain du XIXe siècle, Walt Whitman dont il avait lu, à l’âge de quatorze ans, le recueil de poèmes, Feuilles d’herbe. Une autre rencontre le marquera, celle de la nièce de John Keats qui lui remettra quelques-uns des manuscrits originaux de son oncle.
A peine revenu à Londres, il repart aussitôt pour Paris, où il s’installe, en 1883, à l’hôtel Voltaire à l’endroit même où Baudelaire avait écrit quelques-unes de ses Fleurs du Mal. C’est dans ce même hôtel qu’il entreprend l’écriture de son poème, La Sphinge, qui ne paraîtra que onze ans plus tard. C’est aussi à cette période qu’il fréquente Proust, Verlaine …
Il finira par rentrer à Londres et, alors même que des rumeurs sur son homosexualité planent, épouse Constance Lloyd, une féministe convaincue. A l’époque victorienne, l’homosexualité est interdite par la loi.
Grâce à l’héritage du grand-père de Constance, les Wilde purent aménager une belle maison dans le quartier de Chelsea à Londres où naquirent leurs deux fils. Mais, ne supportant pas la grossesse chez les femmes, Wilde commence à s’éloigner de Constance. Lui, l’esthète, dresse un portrait terrible de ce qu’est devenue sa femme, suite à la maternité :
« Quand je me suis marié, ma femme était belle, blanche, svelte comme un lys […]. Mais il a suffi d’un an à peine pour que cette grâce florale s’évanouisse.»
Wilde commence à faire venir chez lui ses amants avant d’écrire, en 1893, un texte corrosif sur l’institution du mariage, Un mari idéal.
Lorsqu’il fait la connaissance de Lord Alfred Douglas, surnommé Bosie, il tombe sous le charme de l’éphèbe de vingt ans et l’installe chez lui. C’est au même moment qu’il publie Le Portrait de Dorian, son unique roman. Il vit avec Bosie une passion destructrice qui le mènera à sa perte, lui causant deux ans d’emprisonnement… assortis de travaux forcés.
« Le désir finit par être une maladie, ou une folie, ou l’une et l’autre. […] Je cessai d’être mon propre maître. Je n’étais plus le capitaine de mon âme. » (De profundis – Oscar Wilde)
Le 28 mai 1895, à l’âge de 40 ans, Wilde est enfermé à la prison de Pentonville. A sa sortie, il ira se réfugier en France.
Il meurt à Paris, à l’âge de 46 ans, dans sa chambre de l’hôtel d’Alsace, le 30 novembre 1900.
Le livre de Daniel Salvatore Schiffer relate le parcours de ce génie littéraire dans un livre parfaitement illustré (Editions de La Martinière).