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La vie avec Lacan

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La vie avec Lacan

Catherine Millot, psychanalyste et écrivain nous raconte ce qu’il en était de La vie avec Lacan (Ed. Gallimard) dans les années 70. Ceux qui connaissaient le psychanalyste à travers ses Ecrits ou autres Séminaires seront ravis de découvrir qui était l'homme derrière le psychanalyste.

L'auteur qui a fait une analyse pendant huit ans avec celui qui fut aussi son amant. nous révèle ici un Lacan à la lisière de son intimité. Lacan au volant (un fou du volant ?), Lacan à Venise ou à Rome, Lacan dans sa piscine…

Le livre aurait pu s’appeler ‘Ma vie avec Lacan’ mais comme l’explique Catherine Millot :

« J’ai voulu témoigner du Lacan tel qu’il était pour ces proches et pas forcément pour moi… être dans le sillage de Lacan, c’était tout un mode de vie. » (Cf. Interview France Inter)

C’est sous la pression de Philippe Sollers, son éditeur, que Catherine Millot s’est lancée dans l’écriture de La vie avec Lacan après avoir longtemps résisté.

Celle qui se défend d'être un auteur de fiction (« … on éprouve une certaine désaffection pour la fiction quand on est psychanalyste ») parle d'auto-biographie pour qualifier son ouvrage.

Alors qu'elle suivait Lacan partout, on suit le couple qu’elle formait avec le psychanalyste devant un tableau du Caravage à Rome, à un déjeuner à Milan avec Umberto Eco, dans la maison de Guitrancourt le week-end, lors des présentations de malades à Sainte-Anne… etc…

Le livre montre un Lacan libre, libre de faire ce qu’il voulait. Cet homme se posait peu de limites. Le moins qu'on puisse dire c'est que Lacan était un personnage singulier. Le plus drôle, c’est lorsque l’auteur écrit que Lacan […] ne tenait pas compte de la psychologie de ses interlocuteurs.

A la fin de sa vie, Lacan se passionnait pour ses nœuds borroméens, ces bouts de ficelles censés démontrer les trois axes que sont le Réel, le Symbolique et l'Imaginaire. Le Réel, surtout, était l’objet de son questionnement.

C'est avec une belle écriture que Catherine Millot nous révèle un autre Lacan, à travers des lieux qu'ils ont parcourus ensemble, des gens qu'ils ont fréquentés. Autant d'anecdotes, de réactions du psychanalyste face à des événements légers ou plus graves. On y voit un psychanalyste aimant l'art, traquant le sens dans le détail d'un tableau ou s'exclamant alors qu’il vient de voir le film ‘L’Empire des sens’ d’Oshima : « c’est l’érotisme féminin poussé à l’extrême ».

Si pour certains Lacan était sans doute difficile à suivre, l'auteur, elle, dit qu'elle l'aurait suivi partout. On n'a pas de mal à le croire car, la réalité, avec Lacan, ça ne devait pas être rien.

La vie avec Lacan a reçu le prix André Gide 2016 début mars.

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