Les écrivains à Venise
Hemingway y a connu son dernier grand amour… Aragon suivi une maîtresse et tenté de mettre fin à ses jours… sans parler des amants de Venise, Georges Sand et Musset qui séjournèrent au Danieli qui vit aussi passer Balzac… La Sérénissime serait-elle la ville des écrivains ?
De ses voyages en Italie, et même s’il s’est plus attardé sur Florence, Naples ou Rome, Stendhal a aussi porté un regard sur Venise et fréquenté le salon littéraire de la Comtesse Albrizzi.
Dans Albertine disparue Proust décrit une Venise qui, par certains aspects, lui rappelle Combray.
Chateaubriand sera aussi influencé par ses voyages à Venise dont il fait la description dans Les Mémoires d’Outre-Tombe : ‘Que ne puis-je m’enfermer dans cette ville en harmonie avec ma destinée, dans cette ville des poètes, où Dante, Pétrarque, Byron passèrent !’
Si Venise a souvent inspiré les écrivains, elle suscite aussi des sentiments controversés.
Au XVIème siècle, Montaigne, après un séjour d’une semaine à Venise, en dresse un tableau peu élogieux, mais peut-être était-ce le fait de son état de santé. (cf. site www.e-venise.com).
En 1818, Shopenhauer connait à Venise une crise de jalousie lorsque, croisant Byron, sa dulcinée, la belle Teresa, s’exclame ‘Ecco ! il poeta inglese !’. Il écrira ‘Je décidai alors de ne pas remettre à Byron cette lettre de Goethe, tant j’avais peur d’être cocu. Je le regrette.’
On ne saurait bien sûr évoquer Venise sans citer Casanova, vénitien du XVIIIème siècle, connu pour ses Mémoires mais surtout pour ses amours et son libertinage.
Venise inspire les écrivains et Venise inspire l’amour …
Ainsi, la nouvelle de Thomas Mann, La Mort à Venise, où il y est question de l’amour interdit ou encore la pièce de Shakespeare, Le Marchand de Venise qui fait triompher l’amour.
Henry James a quant à lui dépeint des personnages en proie à la passion (Les Ailes de la Colombe, Les papiers d’Aspern).
Rilke, qui fit de nombreux séjours à Venise y trouva source d’inspiration pour plusieurs poèmes et ses Lettres à une amie vénitienne (1941) traduisent l’amour qu’il eut pour une belle vénitienne.
Les plus beaux poèmes étant sans doute ceux d’Henri de Régnier, poète et écrivain, homme sensible qui laissera de très beaux textes sur la ville, comme L’Altana ou la Vie vénitienne.
Parmi nos contemporains, Philippe Sollers ou Jean d’Ormesson sont des amoureux de Venise. Pour le premier, auteur du Dictionnaire amoureux de Venise, l’effet produit par Venise sur un individu dépend de sa disposition intérieure et de son rapport à l’amour. Il raconte à ce propos que Sartre y aurait eu une hallucination dans laquelle il voyait une langouste le suivre dans la rue… selon Sollers, le philosophe était disloqué à Venise.
Dans le reportage ' Venise vue par Jean d’Ormesson' l’écrivain explique que ‘c’est la plus prodigieuse machine à faire rêver qui soit jamais sortie de l’imagination des hommes […] le Grand Canal a fait rêver tant d’écrivains et tant d’amoureux’. http://https://vimeo.com/28927924
Nedim Gürsel, en plus d’avoir rappelé les aventures d’écrivains célèbres dans son livres Les écrivains et leurs villes, a lui aussi choisi pour cadre Venise en écrivant Les Turbans de Venise (2001) où se joue la rencontre amoureuse entre un historien d’art et une bibliothécaire.
Et, plus récemment, Lauren Elkin, écrivain new-yorkaise vivant à Paris, a écrit Une année à Venise (2012), l’histoire d’une jeune femme qui va passer un an à Venise pour sa thèse et pour se trouver aussi.
La Sérénissime ne saurait donc en finir avec les écrivains…
CDG