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Paul Sollier, le thérapeute de Marcel Proust

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Paul Sollier, le thérapeute  de Marcel Proust

Formé par J.-M. Charcot, le neurologue et psychologue Paul Sollier (1861-1933), pionnier des psychothérapies non freudiennes, a eu pour patient Marcel Proust. C’est dans un établissement de Boulogne-sur-Seine, co-dirigé par son épouse, Alice Dubois, également neurologue, qu’il y recevait de nombreuses personnalités.

Les archives de la clinique ont disparu suite aux bombardements de 1942 mais l’on sait qu’en 1905 Paul Sollier a reçu Marcel Proust venu pour y soigner sa neurasthénie pendant six semaines. Même si l’écrivain a dit qu’il en était sorti plus mal qu’il n’y était entré, les deux hommes se sont revus par la suite. Paul Sollier a d’ailleurs dédicacé son Problème de la mémoire à Marcel Proust qui fit de même avec un exemplaire de Les Plaisirs et les jours.

Le diagnostic fait par Paul Sollier à propos de Proust était celui d’hystérie. Il faut dire que le neurologue travaillait sur le sujet. En 1901, il avait publié L’hystérie et son traitement.

Pour Sollier, il paraissait pertinent d’agir sur le « physiologique » afin de rétablir le « psychologique ». Lorsqu’il avait fait acte de candidature à l’Académie de médecine, il y expliquait : « L’étroite union entre la sensibilité et la motricité tant à l’état normal que pathologique permet de penser qu’en modifiant l’une, on doit forcément modifier l’autre et réciproquement. »

Sa thérapeutique utilisait la mécanothérapie, la rééducation motrice, les massages, l’hydrothérapie… mais également une relation thérapeute/patient particulière : « Le comportement du médecin excluait toute crédulité. Il supposait une écoute attentive et bienveillante. […] Moins il y avait d’intermédiaires, mieux cela valait, d’où l’intérêt de l’isolement du malade. Car, la famille, animée des meilleurs intentions, avait tendance à céder aux exigences de l’hystérique. » (Cf. Roger Teyssou)

On pourrait classer les méthodes de Paul Sollier parmi les ancêtres des thérapies cognitivo-comportementales.

Son approche utilisait également la mémoire comme traitement, en provoquant des ‘reviviscences’ afin de réactiver des états émotionnels : « Un souvenir est une image […] reproduisant une impression passée. La reviviscence est quelque chose de plus : c’est non seulement l’apparition dans la conscience d’une image, d’une impression ancienne, mais avec une telle netteté, et de plus accompagnée de la reproduction si précise et intense de tout l’état de personnalité du sujet au moment de l’impression première, que ce sujet croit de nouveau traverser les mêmes événements qu’autrefois. » (Cf. Art.'Paul Sollier, un aller-retour dans l'oubli' d'Audrey Minart - Le Cercle Psy Sept 2014). Ce qui n’est pas sans rappeler la mémoire involontaire, clé de voûte de La recherche.

Selon O. Walusinski et J. Bogousslavsky (‘A la recherche du neuropsychiatre perdu : Paul Sollier (1861-1933’), « si l’on considère qu’un des buts potentiels de la cure était pour M. Proust de retrouver une volonté et une voie lui permettant d’accéder à sa vocation d’écrivain, la cure chez P. Sollier peut, en fait, être regardée comme un succès indiscutable… »

Sources :

http://www.biusante.parisdescartes.fr/chn/docpdf/walusollier.pdf

http://le-cercle-psy.scienceshumaines.com/paul-sollier-un-aller-retour-dans-l-oubli_sh_33244

Pour en savoir plus sur Paul Sollier :

Edward Bizub, Proust et le moi divisé, Droz, 2006

Roger Teyssou, Paul Sollier contre Sigmund Freud. L’hystérie démaquillée, L’Harmattan, 2013

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