Aimer l'amour, l'écrire

Aimer l’amour, l’écrire (Bnf – Editions de L’Iconoclaste) … à partir des manuscrits de la Bibliothèque Nationale de France, Antoine Compagnon retrace dans ce livre le lien entre amour et littérature. Quand l’art d’aimer et l’art d’écrire se conjuguent au passé à travers des documents inédits.

De Victor Hugo à Annie Ernaux, en passant par Flaubert, Gide ou Aragon, à chacun son style d’écriture et sa façon de retranscrire son état amoureux mais l’époque avait cela de spécifique que l’amour prenait le temps de s’écrire.

Dans son introduction, Antoine Compagnon interroge : n’y a-t-il pas un lien essentiel entre l’amour et les lettres ? Aimerait-on moins sans la littérature ? Et les poètes aiment-ils mieux que les autres hommes et les autres femmes, les hommes et les femmes qui n’écrivent pas ?

Si l’on a pu dire que Madame Bovary avait été influencée par ses lectures, l’amour serait-il le fruit de l’imagination ? Il semble en tout cas, à en croire ce qu’il en reste comme trace, que l’absence le magnifie, l’exalte. Longtemps la littérature a pu renforcer l’idée d’aimer l’amour plus que d’aimer l’autre. Parce que les amours étaient contrariés, il fallait alors la force, la puissance des mots pour rendre l’amour vivant.

De la même façon que l’art évolue au fil du temps, l’amour prend des formes différentes selon les époques. Antoine Compagnon rappelait, à ce propos, qu’il est difficile de faire comprendre aujourd’hui à des étudiants pourquoi l’héroïne de ‘La Princesse de Clèves’ ne court pas rejoindre son amant une fois son mari mort. Y avait-il alors une façon de sublimer l’amour par sa non réalisation, sa non entrée dans le réel ? Sans doute était-ce ce qui a caractérisé une certaine idée de l’amour. L’amour non livré au quotidien, parce que l’amour dans les livres a quelque chose de plus poétique.

Ce livre, outre le fait de rassembler les plus belles preuves qu’amour et littérature ont longtemps fait bon ménage, nous invite à découvrir la façon d’écrire des écrivains, les hésitations dans le texte, les ratures ainsi que certaines tribulations des manuscrits. L’amour au temps où les écrivains transposaient l’amour en œuvre. L’amour non accompli mais l’amour si désirable.

Un joli cadeau pour les amoureux des belles lettres … et de l’amour aussi.