Le second métier de l'écrivain
On connait Colette l’écrivain mais sait-on qu’elle prêta aussi sa plume à des marques, comme Ford, Lucky Strike, Rochas ou Hermès ?
Le second métier de l’écrivain (Ed. L’Herne) nous fait découvrir les plaquettes publicitaires, slogans et textes qui montrent l’autre facette de l’écrivain. A peine a-t-on ouvert le livre qu’aussitôt apparait une photo de Colette, posant les bras écartés dans l’institut de beauté qu’elle venait de créer à Paris. Y est écrit : ‘Etes-vous pour ou contre le second métier de l’écrivain ?’.
Colette disait vouloir faire ce qu’elle voulait. A ses détracteurs qui lui reprochèrent de vouloir embrasser un autre métier que celui d’écrivain, elle répondait : « Non sans sourire je regarde dans mon passé, et je me souviens d’un temps où l’on s’étonna que d’oisive et docile petite épouse je devinsse officiellement écrivain. A peine affermissais-je mon petit renom d’auteur, que « je montai sur les planches » […] j’encourus, déjà, de sévères critiques […] Voilà qu’à l’âge où d’autres finissent, je prétends recommencer ! Mon cas est grave. »
Comme on peut le lire dans la préface, Colette est partie prenante de la « stratégie de communication » et elle comprit très tôt le pouvoir de l’image, la façon de l’utiliser et de la détourner.
Colette ne fut pas la seule à tisser un pont entre littérature et publicité, dans l’entre- deux –guerres, nombreux furent les écrivains à se prêter à l’exercice : Blaise Cendrars, Jean Cocteau, André Maurois, Paul Valéry, Anatole France, Sacha Guitry…
Si elle s’est prêtée au jeu de la publicité c’est sans doute par besoin d’argent mais aussi pour faire autre chose, aller à côté de la littérature pour s’intéresser à d’autres sujets.
Pour sa défense, Colette dira à propos de ce second métier :
« Un écrivain fera de la publicité s’il en est capable. C'est-à-dire s’il est doué de curiosité, d’appétit de vivre ; s’il ressent à la fois l’amour de ce qui est nouveau, la honte de sa propre routine, l’envie de connaître, l’aptitude à divulguer. Qu’en outre il possède un vocabulaire assez riche, et le voilà capable, en effet, de faire de la publicité. »