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L'origine du livre

Publié le

D’où viennent ces mots qui vont s’enchainer pour fabriquer le texte qui fera un livre ? D’où surgit ce qui pousse à écrire ? Il arrive qu’un sujet s’impose. Il n’est pas seulement question d’une histoire, c’est juste que l’histoire va servir le propos.

Un jour on ressort des tiroirs un texte écrit il y a des années. C’est une suite de dialogues, autrement dit, ça ne peut pas constituer un livre. Il y a bien un sujet, mais ça tient en cinquante pages. Pour en faire un bouquin, il faudrait élaborer autour. Si l’on reste fermé sur son sujet, rien n'affleure. Et à partir d’une cinquantaine de pages, pas une centaine qui ne pourra sortir miraculeusement du chapeau.

C’est là que vient la question de l’inspiration. D’où tire-t-elle sa source ? Toute la question de l’écriture est là. Si l’on reste assis devant son écran, on peut attendre longtemps. Il y a bien les voyages qui alimentent les récits. L’époque veut que l’on puisse voyager en restant assis. Enfin, on peut quitter son univers à partir d’un clic de souris. L’écran de l’ordinateur s’avère être une fenêtre ouverte sur le monde. Seule condition: être curieux.

Visionner tout ce qu’Internet propose comme informations offre matière à réflexion. A partir de là peut naître l’élaboration d’un livre. S’en suivra un plan détaillé, une structure définie à l’avance, un ordonnancement etc… mais avant tout il y a ce sujet qui s’impose. Chaque jour, chaque mois un peu plus. On prend des notes, on accumule les infos.

Que veut-on dire par ‘un sujet qui s’impose’ ? Mis à part les romans d’amour où vous allez conter fleurette à vos personnages en agréable compagnie le temps d’un livre, il arrive qu’une rage vous saisisse, qu’une colère vous inonde et que viennent se répandre sur la page les mots qui vont vous éviter l’ulcère. Parce que voilà, il faut que ça s’expulse. Que ça produise des étincelles sur le papier. Et que la lumière fuse.

Parce que vous avez l’impression que le monde ne tourne plus rond du tout. Ce n’est pas seulement vous qui avez la nausée, c’est ce qui se trame qui est nauséabond. Mais personne ne le voit encore. Vous parlez autour de vous et il semble que nombreux soient ceux qui n’entendent rien, ne voient rien, ne soient au courant de rien. C’est tout juste si on ne vous prendrait pas pour un délirant. Au mieux un pessimiste, celui qui verrait le mal venir de nulle part.  Il n’y a guère qu’au travers de vos recherches que vous trouvez de quoi  corroborer l’idée qui vous traverse. Celle selon laquelle une folie est en train de s’emparer du monde. Et que le monde est bien trop occupé à tourner (en rond) pour s’en offusquer. S’il y a bien quelques illuminés (comme vous) pour tenter l’alerte, combien sont ceux à les écouter ?

Mais le rôle de l’écrivain serait-il d’alerter ? Le rôle de l’écrivain pour autant qu’il soit minime peut bien servir à pointer du doigt ce qui est en train de dérailler. Et s’il ne peut empêcher, il peut au moins laisser la trace d’une réflexion. Quand bien même son action sera dérisoire, il aura la conscience d’avoir échappé à l’aveuglement généralisé, à cette chape qui recouvre les esprits. Il n’est pas là à dormir debout, pris dans le tohu-bohu d’une vie matérielle qui l’exonère d’une moindre pensée. Parce qu’il vit en marge, qu’il prend le temps d’observer, d’analyser, il peut offrir une carte nuancée du monde.

Quand la colère vous étreint à la vue de ce qui se profile, devant le silence accablant de tous ceux qui ne prennent pas la parole ou à qui on ne la donne pas, c’est de là que, parfois, se produit l’origine d’un livre.

CDG

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