Frère de misère
Oh, je sais qu’il ne te faut pas quelque chose de rugueux.
Ça fait si longtemps que tu n'as pas été joyeux.
Il faut au contraire arrondir les angles. Et polir tes aspérités.
Tu as besoin d’être enveloppé.
Il me semble que tu n’as pas été assez choyé.
Je ne sais pas comment c’est arrivé, mais tu devrais essayer, essayer de te laisser aller.
Plus de mou. Laisser glisser. Vas-y. Laisse toi faire. Tu dois lâcher.
Il n’y a que comme ça que tu pourras y arriver.
Crois-moi. Juste une fois, écoute-moi.
Je sais ce qui est bon pour toi, même si toi tu ne le sais pas.
Tu ne veux pas y croire, et pourtant. C’est bête, il en faut si peu.
A force de te tendre, tu t’es crispé et puis ça a cassé. Malheureux.
Cette souffrance t’a envahi, t’a avachi. Et depuis, tu t’es trahi.
Tu ne peux pas avancer comme ça dans la vie.
Va chercher dans tes crachats les lumières dont tu recèles.
Il faut que tu te relèves.
Va colmater les brèches. Ne t’irrite pas, ça ne sert à rien.
Tout ça, ça ne fait rien.
Laisse dire ceux qui n’ont pas compris.
Eux qui sont si petits.
Tu vas y arriver. Il te faudra combien d’années ? Peu importe, en vérité.
Seul compte que tu puisses en réchapper.
Allez, frère de misère… accroche toi.
Approche-toi. Ne renonce pas.
CDG