Marie Bonaparte… psychanalyste
Femme de lettres et psychanalyste, Marie Bonaparte, arrière-petite-fille de Lucien Bonaparte (frère de Napoléon), est née le 2 juillet 1882 à Saint-Cloud. Sa mère, fille de François Blanc créateur du casino de Monte Carlo, meurt un mois après sa naissance.
Très jeune, Marie qui a des phobies se réfugie dans la lecture. Elle écrit dans des petits carnets qu’elle amènera plus tard à Freud lors de son analyse.
En 1907, à l'âge de vingt cinq ans, elle épouse le prince Georges de Grèce et de Danemark dont elle aura deux enfants.
A la mort de son père, en 1924, Marie Bonaparte fait une dépression et demande à Freud de la prendre en analyse. A Vienne, elle devient une intime de la famille de Freud. Ce dernier l'incite à développer la psychanalyse en France. Elle sera la traductrice des œuvres de Freud en français.
Avec René Laforgue elle crée la Société psychanalytique de Paris en 1926. Elle est la première à faire une conférence de psychanalyse en français. En 1927, elle fait éditer la Revue française de psychanalyse. En tant que psychanalyste, elle a pour habitude d’envoyer chercher ses patients avec chauffeur et limousine et de les recevoir en faisant du tricot.
En 1938, elle aide Freud à quitter l'Autriche pour la France puis l'Angleterre.
C’est son mentor Gustave Lebon qui la poussera à écrire notamment 'Guerres militaires et guerres sociales'.
Marie Bonaparte est aussi à l'origine d'une étude de l'oeuvre d'Edgar Poe à propos de laquelle Freud écrira : «Mon amie et élève Marie Bonaparte a, dans ce livre, projeté la lumière de la psychanalyse sur la vie et l'oeuvre d'un grand poète aux tendances morbides. [...] De telles recherches ne prétendent pas expliquer le génie du poète, mais elles montrent quels facteurs ont éveillé ce génie...»
Dans un article, écrit sous le pseudonyme de A. E. Narjani, , Marie Bonaparte qui souffre de frigidité, à partir de l’étude de 200 femmes défend la thèse selon laquelle la frigidité serait due à une trop grande distance entre le vagin et le clitoris (‘Considérations sur les causes anatomiques de la frigidité chez la femme’). Elle reproche à Freud d’avoir aligner la sexualité de la femme sur celle de l’homme. D’après elle, à la base de tout problème psychologique, il y a un problème biologique.
« Je ne cherche pas à vivre ma vie mais à la comprendre. »
Marie Bonaparte s’est battue pour que perdure la psychanalyse de Freud. A partir de 1945, Lacan va dominer la psychanalyse et Marie Bonaparte tente de s’opposer à la nouvelle génération de psychanalystes défendant une psychanalyse orthodoxe. Mais, à partir de 1957, moins investie, elle fait part de ses doutes : « Freud s’est trompé. Il a surestimé sa puissance, la puissance de la thérapie et celle des événements de l’enfance. » Alors que Freud avait dissuadé Marie Bonaparte de devenir médecin, elle défendra la cause des psychanalystes non médecins.
Dans sa vie personnelle, Marie Bonaparte qui se considère comme ayant un esprit masculin dans un corps de femme forme avec son mari une sorte de ménage à trois. Ce dernier, en effet, entretient une relation homosexuelle avec son oncle, le prince Valdemar du Danemark. De son côté, Marie a des amants parmi lesquels Aristide Briand avec lequel elle vit une liaison passionnée.
Marie Bonaparte aime se retirer à Saint Tropez dans sa résidence d'été 'Le Lys-de-Mer' qu'elle a fait construire en 1933, située près de celle de Colette, où elle se ressource, nage, écrit, reçoit André Gide, Anna Freud, des psychanalystes… l'acteur Errol Flynn... le psychiatre Rudolph Löwenstein.
Freud qui partageait avec Marie Bonaparte l'amour des chiens fera traduire en allemand le livre dans lequel elle rend hommage à son chien Topsy (‘Topsy, les raisons d’un amour’).
La « princesse de la psychanalyse en France » meurt en 1962, à l’âge de 80 ans, d’une leucémie à la clinique de Saint Tropez.