Le Festival de Menton… et les écrivains
Nombreux furent les écrivains à fréquenter le Festival de Musique de Menton qui se déroule sur le parvis de la basilique Saint-Michel et fête cette année son 70ème anniversaire.
Sept décennies qui ont vu se produire de grands interprètes classiques devant les façades baroques éclairées par de belles lumières dans un cadre exceptionnel.
Jean Cocteau, devenu citoyen d’honneur de la ville de Menton après y avoir séjourné souvent, disait à propos de ce rendez-vous musical : « Il n’existe nul part ailleurs lieu plus dépaysé, plus insolite, plus suspendu dans le vide, que ce Festival de Menton. Il charme tous les orchestres du monde… Voilà les sortilèges d’un opéra dont le lustre est d’étoiles, les loges de chambres, la rampe de lune et de torches, le silence de cette longue rumeur des rues et des vagues… ». Il rapportait dans son journal : «Au milieu de l'ignoble vulgarité de notre époque, c'est une grande surprise que le spectacle du festival de musique à Menton. Rien ne peut s'imaginer de plus étrange. On arrive par des marches en pente douce dans une gigantesque chicane de lumière, d'ombres, de façades riches et de façades pauvres, à l'italienne.»
Romain Gary, dont les cendres ont été dispersées au large de la ville, aura quant à lui ces mots : « J’avoue qu’il entre dans mon affection pour ce Festival une bonne part de tendresse pour la petite place Saint-Michel à Menton, qui l’a vu naître et qui est peut-être mon endroit préféré sur cette terre »
Pour l’académicien André Maurois : « A Menton, le soir sous un ciel étoilé, dans l’angle que forment deux anciennes et charmante églises, les minutes chargées d’émotion prennent tout leur poids. Enveloppés par la douceur du climat méditerranéen, hommes et femmes, en écoutant dans l’obscurité ces duos fraternels, ces quatuors sublimes, se sentent transportés dans … un monde… irréel. Quand la mélodie se tait, on se sépare avec émotion et regret. Des inconnus, dans la pénombre, échangent des sourires parce qu’ils ont goûté ensemble les mêmes plaisirs et retrouvé les mêmes souvenirs, tendres ou mélancoliques. Musique et poésie unissent les hommes. Menton, qui est la poésie même, nous offre chaque été la musique la plus noble. »
Beaucoup d’écrivains (Jules Renard, Cioran, Goethe, Christian Bobin, Victor Hugo, Nietzsche, Oscar Wilde, Proust, Stendhal...) ont décrit ce que la musique leur inspirait…
«La musique est peut-être l’exemple unique de ce qu’aurait pu être
– s’il n’y avait pas eu l’invention du langage, la formation des mots, l’analyse des idées –
la communication des âmes. » M. Proust
Et pour finir sur une petite note de musique, voici une anecdote à propos du compositeur russe Rachmaninov dont les morceaux ont été joués pour ce 70ème Festival : plongé dans une dépression après avoir connu un échec musical et ne parvenant plus à composer, le musicien consulta un psychiatre qui lui fit écouter un air de violoncelle sous hypnose. Après cela, Rachmaninov se remit au clavier et composa les plus célèbres de ses œuvres.