Un été avec Paul Valéry
Romancier, poète, essayiste, Paul Valéry était aussi un géopoliticien inquiet pour l'avenir du monde. Dans son essai 'Un été avec Paul Valéry' (Ed. Equateurs), le philosophe Régis Debray rappelle à quel point P. Valéry a pu être visionnaire notamment en annonçant la mondialisation.
Selon Paul Valéry, l'histoire n'enseigne rien car elle donne de mauvaises idées « Ne sachant nous défaire de notre histoire, nous en serons déchargés par des peuples heureux qui n’en ont point ou presque point ». Pour l'auteur, Paul Valéry avait cinquante ans d'avance sur son temps. Déjà, en 1928, il prévoyait l'arrivée de la télévision « Ainsi serons-nous alimentés d’images visuelles ou auditives naissant et s’évanouissant au moindre geste ».
Quant à l'Europe, Valéry y voyait une alliance de culture à travers une politique de l'esprit, où la Raison aurait été unificatrice des nations. Il y avait réfléchi avec A. Einstein et S. Freud. Mais, en pessimiste sceptique, il finira par écrire dans ses Cahiers : « L’homme est l’ennemi du genre humain. Je me demande si tout ceci – l’Europe- ne finira pas par une démence ou un ramollissement général. »
Paul Valéry était un homme de la Méditerranée qui reste pour lui une fabrique de civilisation.
Certains auraient vu en lui un Président de la République. Il eut droit à des obsèques nationales.
Dans 'Un été avec Paul Valéry', Régis Debray revient aussi sur la jeunesse du poète, son amitié avec Pierre Louÿs qui l'encouragea à écrire et publier. « Une des choses qui me navrent le plus, lui écrit-il, c'est de songer que tu peux tant et que tu veux si peu. »
Côté littérature, il semblerait que Paul Valéry ait souffert « de l’extrême diversité de son œuvre et de ses talents […] mais aussi du fait qu’un écrivain qui ne raconte pas d’histoire peine à s’inscrire dans les mémoires. » toujours selon l'auteur de cet essai.
A la question d’André Breton : « Pourquoi écrivez-vous ? », Paul Valéry lui avait répondu : « Par faiblesse. ». Les deux avaient en commun le mépris du roman.
Paul Valéry fit partie du premier cercle de ce qu’on appelait alors « les Mardis de Mallarmé » où se retrouvaient André Gide, Paul Claudel, Henri de Régnier… « En fait d’écrivains, je n’aime que les pur-sang » disait Valéry qui prit Mallarmé pour maître et peut-être même comme père de substitution et se considérait être... un 'Mallarmé très inférieur'.
« Si, de tes lèvres avancées,
Tu prépares pour l’apaiser,
A l’habitant de mes pensées
La nourriture d’un baiser,
Ne hâte pas cet arbre tendre,
Douceur d’être et de n’être pas,
Car j’ai vécu de vous attendre,
Et mon cœur n’était que vos pas. »
Paul Valéry
Régis Debray voit en Paul Valéry un contemporain qui a tout compris de notre époque allant même jusqu'à le qualifier de lanceur d'alerte. 'Un été avec Paul Valéry'... à lire en toute saison !