10 jours dans un asile

« Le 22 septembre 1887, le World me donna pour mission de me faire interner dans l’un des asiles de fous de New York. Mon rédacteur en chef, Joseph Pulitzer, souhaitait que je décrive en termes simples et directs les soins apportés aux patientes, les méthodes de la direction, etc. Mais avais-je les nerfs suffisamment solides pour supporter pareille épreuve ? Serais-je capable de me faire passer pour folle auprès des médecins ? […] Oui, j’avais foi en mes talents d’actrice et me pensais de taille à feindre la démence d’un bout à l’autre de mon séjour. Pourrais-je passer sept jours à l’asile d’aliénées de Blackwell’s Island ? J’en étais convaincue. Et j’ai tenu parole.

[…] Laissez-moi vous dire une chose : dès mon entrée dans l’asile de l’île, je me suis départie de mon rôle de démente. Je parlais et me comportais en tout point comme d’ordinaire. Mais, chose étrange, plus je parlais et me comportais normalement, plus les médecins étaient convaincus de ma folie… »

(’10 jours dans un asile’ de Nellie Bly – Extrait p15)

De son reportage au sein d’un hôpital psychiatrique, Nellie Bly a dénoncé les conditions et méthodes d’internement des patientes :

« Mise à part la torture, quel autre traitement vous conduirait plus vite à la folie ? » (p91)

Grâce à son enquête, les hôpitaux psychiatriques de Blackwell’s Island ont reçu un million de dollars supplémentaire de la ville de New York.

Elizabeth Jane Cochrane (de son vrai nom) (1864-1922), dite Nellie Bly, fut une figure de la presse américaine, pionnière du reportage clandestin, faisant de l’infiltration sa marque de fabrique. Nellie Bly a également fait un voyage autour du monde en 72 jours (lors de son passage en France, elle rencontrera Jules Verne à Amiens). Elle est la première femme à être entrée en zone de guerre (Première guerre mondiale) à l’Est. Nellie Bly est morte à l’âge de 57 ans d’une pneumonie.