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"Les femmes, peu aptes à la sublimation..." selon Freud

Publié le par Charlotte De Garavan

Selon Freud, « les femmes, peu aptes à la sublimation, souffrent d’un trop plein de libido ». Evidemment, à notre époque, cette phrase pourrait faire sourire ! Dans sa théorie de la sexualité, pour le psychanalyste, la libido, assimilée à une énergie, pourrait se voir déviée sur un objet socialement acceptable (œuvre artistique) au travers de la sublimation.

« On nomme cette capacité d’échanger le but sexuel originaire contre un autre but qui n’est plus sexuel, mais qui lui est psychiquement apparenté, capacité de sublimation. »  S. Freud (‘La Vie sexuelle')

Or, si l’on adopte la théorie de Freud, les femmes ne seraient pas en mesure de rendre opérante la sublimation. Que faut-il alors en conclure ? Que les femmes ne pourraient diriger cette libido que dans l’amour ou alors souffriraient de différents troubles dus en partie à un excès d’énergie non utilisée et retournée contre elles-mêmes ? Rapide est le lien que l'on pourrait faire entre cette théorisation et les romans du XIXe où l’on voyait des héroïnes mourir d’amour. Madame Bovary, victime d’un excès de libido ?

Certes, à l’époque de Freud, et sans doute encore plus parmi ses patientes, peu nombreuses étaient les femmes à pratiquer une activité intellectuelle ou artistique. Mais n’en tenons pas rigueur à notre cher psychanalyste, il a fait comme il a pu en son temps, avec les moyens de connaissance dont il disposait. S’il était encore de ce monde, sans doute reverrait-il son jugement.

Toutefois, si le psychanalyste d’un autre siècle est peut-être allé vite en besogne dans son affirmation selon laquelle les femmes étaient peu aptes à la sublimation, il n’en reste pas moins vrai que les statistiques rendent compte d’un nombre plus important de dépression chez les femmes par rapport aux hommes. Or, lors d’épisodes dépressifs, on sait que la libido se trouve diminuée.

En reprenant les propos de Freud, pourrait-on considérer que si la femme est plus fréquemment dépressive, en dehors de toute explication hormonale, il en irait de cette difficulté à sublimer ?

Il m’est arrivé, je dois dire, dans ma pratique de psychologue, de constater que les femmes étaient souvent peu aptes à avoir des passions, hormis celle de la passion amoureuse. Sans doute cela pourra-t-il évoluer avec les nouvelles générations de femmes qui semblent s’épanouir dans de nombreuses activités. On voit, en effet, qu’actuellement l’énergie des femmes est de plus en plus mobilisée vers des actions dans lesquelles elles trouvent leur voie. La pulsion trouve sa voie, autant dans la sphère professionnelle que concernant des hobbies. Faudrait-il par là-même y voir un désinvestissement vis à vis de l’amour ? Du côté des romans, il semblerait que l’amour n’ait plus la côte. N’oublions pas que les femmes étant de grandes lectrices… cela pourrait refléter une certaine tendance.

Quoi qu’il en soit, si les femmes n’occupent plus autant le terrain du sentiment amoureux et troquent leurs centres d’intérêt pour d’autres lieux d’expression où se déploie à loisir leur énergie vitale, pourrait-on espérer qu’en conséquence la dépression soit en voie de disparition chez elles ?

Si les femmes s’en sortaient tellement mieux du fait même d’orienter leur pulsion (sexuelle) vers des voies créatrices et pouvaient ainsi tirer un trait sur les épisodes dépressifs cela se saurait. S’il suffisait que les femmes s’investissent pour une cause ou écrivent des livres pour braver le spleen… Il reste, en effet, un point sur lequel femmes et hommes diffèrent dans leur mode de déviation pulsionnelle.

Pour illustrer mon propos, je vais prendre l’exemple du meuble à tiroirs. En matière de psychisme, on a souvent pu comparer l’image d’une commode à peu de tiroirs pour un homme et celle d’un meuble d’apothicaire à multiples tiroirs pour le sexe opposé. Que la femme puisse se servir d’une multitude de lieux de rangement dans son cerveau lui permet, on le sait, de se démultiplier et ainsi de parvenir à faire de multiples tâches à la fois. Certes, mais la contrepartie négative de cette capacité est que cela demande beaucoup plus d’énergie et provoque du même coup une dispersion là où les hommes pourront rester plus longtemps concentrés sur une même tâche. En allant vite, la concentration s'opposerait à la dépression.

Hypothèse : pour contrer les élans négatifs du psychisme (dépression ou anxiété), il vaudrait mieux diriger son énergie (pulsion) puissamment vers un objet unique, sur un mode de concentration optimal, ce qui aura pour conséquence que la libido ainsi détournée évitera un retour sur soi délétère (source de rumination psychique et de dépression).

En conclusion, une passion qui mobilise toute son énergie dans une seule direction aura plus de chance de contrer une tendance dépressive tandis que la multiplicité de centres d’intérêts restera récréative sans être réellement ‘curative’.

CDG

 

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