L'Ecrivain raté
Un écrivain ayant connu le succès ne parvient plus à écrire… En une soixantaine de page, l’auteur dépeint la douleur de l’artiste qui n’arrive plus à trouver l’inspiration, traversé par divers sentiments (« Comment décrire le tourment que m’infligeait la vanité, la bataille enflammée entre les restes de raison et les décombres d’orgueil ? Comment décrire mes sanglots brûlants, ma haine chauffée à blanc, le désespoir d’avoir perdu le paradis ? Oh, pour cela il faudrait être écrivain, et je ne le suis pas ! […] Je regardais vers mon passé […] et j’éprouvais la terreur de l’homme qui a vécu un siècle. Un siècle de totale stérilité, sans écrire une ligne. »).
Roberto Arlt explore ce qui sous-tend une œuvre n’hésitant pas à mettre en valeur les mauvaises raisons qui parfois sont à l’origine du talent (« Je ne suis pas un type psychologique fait pour vivre dans une silencieuse médiocrité. Le génie, la beauté, l’art, constituent pour moi un déguisement, destiné à dissimuler les dimensions réduites de mon intelligence, qui à son tour repose sur la structure d’une vanité incommensurable. »)
Sans doute n'est-il pas aisé pour un écrivain de commencer par un succès. S’il gonfle l’orgueil du moment, il arrive que parfois il tarisse l’inspiration pour la suite. Porté aux nues, l'auteur cherche en vain un retour de gloire qui lorsqu’elle n’est plus au rendez-vous le plonge dans la pire des souffrances, la confrontation au réel (« Pourquoi ne pouvais-je pas écrire ? Comment s’était désarticulé le mécanisme de ma volonté, de mon génie ? »).
Dans ce récit, celui qui ne parvient plus à aligner les mots sur la page n’hésite pas à s’en prendre aussi au monde des Lettres.
Roberto Arlt est un écrivain et journaliste argentin né le 26 avril 1900 et mort le 26 juillet 1942.