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Le danger de ne pas être folle

Publié le

« Nous sommes tous bizarroïdes, mais, il est vrai, certains plus que d’autres. » ainsi peut-on lire au commencement du livre de la romancière espagnole Rosa Montero. Dans ce qui n’est ni roman, ni un essai, l’auteur revient sur les liens entre le fait d’être un peu à part et la créativité. Pour cela, elle s’appuie sur des recherches en psychologie et bien sûr ses propres particularités.

Prenant pour exemple les travaux de la psychiatre Nancy Andrasen (Université de l’Iowa -Etats-Unis), elle rappelle, par exemple, que « les écrivains sont jusqu’à quatre fois plus susceptibles de souffrir d’un trouble bipolaire et jusqu’à trois fois plus de faire une dépression que les gens non créatifs. ». Si Rosa Montero reste convaincue du rapport entre créativité et troubles psychiques, elle ne manque pas d’affirmer que sans l’œuvre il serait, pour l’artiste, difficile de vivre. Précisant, au passage, la propension chez les écrivains à vivre par procuration, à travers les autres vies qu’ils inventent. Ce qui, d’une certaine manière, les sauve de la folie.

Si l’auteur fait part de son expérience personnelle, l’ouvrage est aussi nourri de ses nombreuses lectures. Parsemé de références à Virginia Woolf, Oscar Wilde, Christian Bobin ou Sylvia Plath… le livre puise ses sources auprès de psychiatres ayant déjà travaillé la question de la relation entre l’art et la folie. Parmi les caractéristiques que l’on retrouve chez les écrivains, Rosa Montero revient sur le côté ‘noctambule’ déjà décrit par Brenot et rassemblant Victor Hugo, Maupassant ou Flaubert… sans manquer d’y mentionner cette fois une femme écrivain comme Agatha Christie qui, nous dit-elle, « écrivait toutes les nuits presque jusqu’à l’aube et se levait à midi. ».  

Enfin, Rosa Montero nous explique avoir développé une théorie selon laquelle les romanciers seraient divisés en deux types : ceux de ‘la normalité’ et ceux de ‘l’étrangeté’. Les personnages des premiers étant calqués sur « les citoyens d’une société majoritaire » tandis que ceux des seconds reflèteraient des personnages « barjos ». L’auteur précisant que les personnages de ses livres appartiendraient à la deuxième catégorie.

Dans ‘Le danger de ne pas être folle’, Rosa Montero présente un vrai travail d’expert quant aux liens entre particularisme psychisme et créativité dans une présentation parfaitement accessible. Un livre qui ne manque pas d’humour non plus.

CDG

 

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