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Publié par Charlotte De Garavan

'La lecture est une amitié' Marcel Proust.

Ci-dessous figurent les lectures qui, au cours de ces dernières années, ne m'ont pas laissée indifférente. Il n'y a pas de place pour les livres que je n'ai pas aimés. Ceux présentés ici sont ceux que j'aurais envie de conseiller à un ami.

Concernant mes choix, je traverse des périodes contemporaines et d'autres plus classiques, je suis pour l'alternance...

Une constante, cependant, j'aime les ouvrages qui vont au plus près de la psychologie et des sentiments.

Voici donc quelques romans qui, je l'espère, vous séduiront aussi :

- La vie est ailleurs de M. Kundera. Empêtré dans une relation fusionnelle à sa mère, Jaromil est un jeune poète qui aspire à la gloire et aux femmes. Sur fond de révolution, Kundera dépeint la difficile extraction du monde de l'enfance d'un jeune homme qui se prend pour Rimbaud mais a du mal à s'affirmer à la fois, en tant qu'homme et artiste.

- Et Nietzsche a pleuré de Irvin Yalom. Si l'histoire est inventée, les personnages, eux, ont bien existé. A Venise, Lou Salomé s'adresse au Dr Breuer afin qu'il traite le philosophe Nietzsche en proie au désespoir. Lou, qui est une jeune charme plein de charme parvient à convaincre le Dr Breuer de l'intérêt d'une cure pour son ami. Entre le médecin et le philosophe s'engage une thérapie où s'entremêlent les problématiques des deux hommes sous le regard de Freud. on finit par ne plus savoir qui est le patient de l'autre... Une histoire mettant en scène une psychothérapie plus que bien menée à travers un roman passionnant.

- Une simple lettre d'amour de Yann Moix. L'écrivain Moix nous livre un très beau texte sur l’amour à travers cette lettre à celle qu’il a aimée vingt ans plut tôt. Le style est tout à lui, fait de fulgurances, de jaillissements comme on aimerait en lire plus souvent. ‘Tout est toujours compliqué, alambiqué, dans les sentiments. […] on voudrait bien s’adorer jusqu’à la tombe, mais des évènements viennent défaire les vœux, déraciner les promesses, abîmer l’espérance. On achète, dans l’amour qui naît, un futur qui ne veut jamais exister.’ Pourquoi avoir attendu si longtemps avant de jeter sur le papier cette rétrospective amoureuse ? Sans doute cette histoire n’était-elle pas close, tout n’avait pas été dit. Seul reproche que l’on pourrait faire à l’auteur : généraliser sa théorie de l’amour masculin…

- Un amour pour rien de Jean d'Ormesson. Philippe est un jeune homme insouciant. Il écrit un roman. A Rome, il rencontre Béatrice mais Philippe ne peut se contenter de l'amour de la jeune femme qui, lasse, finit par s'éloigner. Dès lors, il est pris d'une passion pour celle qui lui échappe. Jean d'Ormesson décortique avec ravissement les tourments amoureux. Il s'agit là d'un de ses premiers romans... peut-être auto-biographique ? Il décrit joliment les turpitudes des cœurs quand l'un aime et l'autre pas, ou tout au moins quand on ne s'aime pas au même moment.

- L'attrape-coeurs de J.D. Salinger. Un jeune garçon du nom de Holden fugue quelques jours après s'être fait virer du collège. Il ère dans New-York... fait des rencontres... Le style est d'abord déroutant par le ton 'parlé' employé par l'auteur, sans doute pour mieux nous faire entrer dans la tête de l'adolescent. C'est avant tout un roman psychologique où un adolescent, plus perturbé qu'il ne veut le laisser paraître par la mort de son frère, s'interroge sur le monde qui l'entoure. Il parait avoir un coup d'avance, ce qui parfois, n'aide pas...

- Baronne Blixen de Dominique Saint-Pern. L'histoire d'une aventurière danoise, Karen Blixen, qui, après des années passées en Afrique, reviendra au Danemark à 46 ans et se mettra à écrire, d'abord sous le nom d'Isak Dinesen. Le récit d'un destin romanesque, celui d'une femme qui, après avoir renoncé à son rêve africain, connu des amours compliqués, se révèlera une grande conteuse.

- Eloge de la vieillesse d'Hermann Hesse. Une alternance de prose et de poésie que nous livre un auteur plein de sagesse dans l'un de ses derniers écrits. 'Jeunesse s'est enfuie, avec elle la santé. Alors méditer, devient priorité.' Recueil de petits textes, pensées, réflexions... nous y reviendrons parce que le temps passe et qu'il convient de devenir philosophe si l'on veut bien vieillir.

- Nu intérieur de Belinda Cannone. Dans ce roman, est relaté l'histoire d'un homme en couple depuis dix ans, et tenté par la plongée dans l'état amoureux auprès d'une femme rencontrée dans un cours de tango. On suit la danse de ce nouveau couple à travers les mots subtilement choisis par l'auteur qui doit-on dire est maître dans l'art de manier le langage. Un joli moment de littérature pour un sujet, l'amour, dont on ne saurait se lasser.

- L'Art presque perdu de ne rien faire de Dany Laferrière. Ce livre est un recueil de chroniques sur le temps, l'amour, la culture, le voyage, le pouvoir... bref c'est une vision du monde vu par un écrivain et pas des moindres puisque D. Laferrière a été élu à l'Académie Française (2013). Il livre ses réflexions avec sincérité et un certain art aussi. Ce spécialiste de la sieste nous explique aussi comment, originaire d'Haïti et transféré au Canada, il s'est mis à aimer l'hiver. Après lecture, on sait qu'on y reviendra, par moment, par passage.

- Tout ce que je sais de l'amour de Michela Marzano. Loin d'être un essai, il s'agit plutôt d'un récit intimiste dans lequel l'auteur nous livre ses introspections sur l'amour. Parce que l'amour n'est fait ni de certitudes ni de points de repères stables, il est un sujet compliqué sur lequel s'est penchée M. Marzano en partant d'elle-même, en s'interrogeant à partir de ses souffrances amoureuses. L'auteur dresse le portrait de ce qu'il peut en être de l'amour quand on en reste à une perspective idéalisée, quand on est encore trop englué dans ses failles pour vivre un amour heureux. Jusqu'à ce que vienne le temps où pointe alors l'amour comme source d'inspiration positive !

- Le roman du mariage de Jeffrey Eugenides. L’histoire se déroule sur un campus américain dans les années 80. Un triangle amoureux se constitue entre trois personnages : Mitchell qui aime Madeleine qui aime Léonard. Chacun appréhende l’existence à travers le champ choisi pour ses études. Madeleine se penche sur Barthes et les cours de sémiotique, Mitchell passera des études de théologie à un voyage initiatique en Inde et Léonard, chercheur en biologie, oscillera entre les labos et les médicaments pour domestiquer sa bipolarité. Si l’on est pris par la construction de ce roman psychologique le livre se veut un peu trop long tout de même…

- La Déesse des petites victoires de Yannick Grannec. Ou Le destin d'un génie qui ne savait pas vivre et d'une femme qui ne savait qu'aimer. L'histoire d'un mathématicien surdoué, Kurt Gödel et de sa femme, la dévouée Adèle mais aussi l'histoire de la montée du nazisme en Europe qui fit fuir les plus grands scientifiques en Amérique. De Vienne à Princeton on est embarqué avec ce couple singulier parmi ces génies qui pouvaient parfois côtoyer la folie mais savaient aussi être drôles à l'instar d'Einstein. J'ai beaucoup aimé ce livre et pourtant je n'aime pas les mathématiques !

- Adolphe de Benjamin Constant. On retrouve dans ce livre de Constant l'inconstance des sentiments. Le héros ici, contre l'avis de son père, part vivre avec une femme de dix ans plus âgée. L'histoire trace les contours de la lâcheté quand elle remplace la passion... Adolphe est en révolte contre son père, la société bourgeoise mais c'est aussi un homme rongé par la culpabilité. Un roman d'analyse comme le dit B. Cannone (cf. video en bas de page).

- La lettre à Helga de Bergsveinn Birgisson. Cette lettre, c'est l'histoire d'un vieil homme, éleveur de moutons, qui se remémore son grand amour contrarié avec Helga. Un petit livre plein de sensibilité.

- Lettre au père de Kafka. Dans une lettre qui ne sera jamais lue par son père l'auteur dépeint ce qu'il peut en être des relations compliquées, semées d'incompréhensions entre un fils et son père. Dans cette introspection Kafka nous permet de rentrer au cœur de la psychologie de l'écrivain. On imagine le nombre de fils qui s'y reconnaîtront...

- Une vie de Maupassant. Ce roman (encouragé à l'époque par Flaubert) relate l'histoire d'une jeune femme depuis son mariage dans lequel elle place toutes ses espérances et de ses désillusions. Entre chagrins et désespoirs on suit cette Jeanne qui n'est pas sans nous rappeler Emma (Bovary) dans sa lente descente aux enfers...

- Ma vie. Amélie et Germaine, Cécile de Benjamin Constant. Le livre est composé de trois partie dans lesquelles l'auteur se cherche et surtout cherche celle qu'il épousera ("Il faut me marier, mais avec qui ?"). On est dans cette période des Lumières où l'on pouvait rencontrer ces personnages voguant dans l'existence sans d'autres buts que la recherche des sentiments. L'auteur passe de l'une (Amélie) à l'autre (Germaine de Staël) s'interrogeant sans cesse pour épouser finalement Cécile. Cette dernière n'est autre que Charlotte de Hardenberg avec laquelle Constant vécut une histoire toute particulière, puisque les amants mirent treize ans avant de partager leur première nuit et quinze avant de se marier.

- Paris est une fête d’Ernest Hemingway. L’auteur rapporte des vignettes de l’époque où il vécut à Paris dans les années 20 alors qu’il était encore journaliste. Le livre fut écrit quelques années avant sa mort. On plonge dans l’atmosphère des bistrots où Hemingway prend la plume… on assiste à sa relation avec Fitzgerald… Il nous fait partager ce temps où il était très pauvre et très heureux…

- Est-ce que tu m’aimes encore ? Marina Tsvétaïeva/Rainer Maria Rilke. La correspondance entre deux poètes qui ne se verront jamais, qui ne feront que s’écrire jusqu’à ce que la mort les sépare. Marina Tsvétaïeva est admirative de Rilke et vit exilée en France lorsqu’elle commence sa correspondance avec l’écrivain allemand. Dans ces lettres où se mêlent confidences et sentiments, on assiste à l’intérêt réciproque qui peu à peu se traduit par une forme d’amour surgissant des mots sans que les deux protagonistes n’aient jamais pu se rencontrer. Des amours, comme il n’en existe plus…

- L’éternel masculin de Jacqueline Kelen. L’auteur, à partir des mythes, redéfinit le concept du masculin. Un ouvrage très bien écrit qui met en lumière les fondements de ce qui fait l’essence du héros. « Parce que les mythes sont là, à notre portée, pour nous communiquer envie et énergie, pour soulever les montagnes du réel, pour secouer les chaînes des habitudes. » (p. 338)

- Un homme à distance de Katherine Pancol. Un homme passionné de littérature demande à une libraire de lui expédier des livres au fil de ses destinations. Les deux échangent, se livrent, se taquinent… des sentiments se tissent à travers le lien épistolaire.

- Une chambre à soi de Virginia Woolf. Essai qui relate une conférence donnée par l’auteur sur la place des femmes en littérature. S’adressant à des jeunes femmes à l’Université de Cambridge, elle leur explique qu’une femme, pour devenir écrivain, doit d’abord être dégagée des questions matérielles, en ce sens disposer d’une somme d'argent et d’un lieu (une chambre à soi). Elle ne manque pas, en bonne féministe, de comparer la situation entre les hommes et les femmes, en rappelant combien ces dernières étaient la plupart du temps réduite au silence. [Cf. Extrait : 'Le monde ne leur disait pas ce qu'il disait aux hommes : écrivez si vous le voulez... Le monde leur disait avec un éclat de rire : Ecrire ? Pourquoi écririez-vous ?']

- De là, on voit la mer de Philippe Besson. Une femme écrivain célèbre, quarante ans, décide de partir seule pour finir d’écrire son dernier roman dans une maison prêtée par une amie à Livourne en Italie. Là, son destin va croiser celui d’un jeune officier de l’Académie navale. Tandis qu’elle vit une passion amoureuse inattendue avec le jeune italien elle apprend que son mari a eu un accident de la route… Besson explore le couple, le temps qui passe et parvient à sonder parfaitement l’âme d’une femme oscillant d’un amour à l’autre.

- Les Lisières d’Olivier Adam. Le héros, séparé de sa femme, revient sur les lieux de son enfance et de sa jeunesse, rappelé par son père car sa mère est souffrante. Pendant les quelques jours passés chez ses parents il va faire l’état des lieux mental de ce qu’il fut et de ce qu’il devenu… pas seulement lui, mais aussi ses copains de la banlieue où il a grandit. Le livre pose les questions des origines familiales, sociales chez un quarantenaire face à une sorte de crise du milieu de vie.

- La jouissance de Florian Zeller. Sous la lumière d’un couple trentenaire l’auteur dépeint une génération flouée par la tyrannie de la jouissance, faisant du reste un parallèle avec la crise en Europe.

- Laisser les cendres s’envoler de Nathalie Rheims. L’auteur revient sur son passé, lorsque, au moment de l’adolescence, sa mère quitte le foyer pour suivre un artiste. Tout au long du livre Nathalie Rheims relate comment cet abandon a pu la plonger dans l’incompréhension la plus totale et sans doute influencer le cours de sa vie. Issue, par sa mère, de la grande bourgeoisie elle laisse entendre combien cette éducation qui, à la fois lui a donné une colonne vertébrale, l’a aussi verrouillée sur le plan émotionnel. C’est dans cette cristallisation de la souffrance non dite que l’auteur a peut-être tiré cette capacité à jouer des mots sur la feuille blanche et signe ici, d’après les amateurs, son plus beau roman. Un seul bémol, cette pudeur caractéristique des grandes familles maintient un filtre entre le romancier et le lecteur qui aurait apprécié que l’auteur se livre davantage.

- Dolce Vita 1959-1979 de Simonetta Greggio. Dans ce roman sous forme de récit historique l’auteur nous rappelle les évènements importants qui ont scandé l’histoire de l’Italie. Prenant comme point de départ le film La Dolce Vita de Fellini, elle nous emmène dans un dialogue entre un jeune jésuite et un Prince imaginaire dont les confessions servent à nous révéler les mystères d’un pays troublé par les relations entrelacées que sont celles de la politique, de l’Eglise et de la mafia. De Mastrîoani à Berlusconi, en passant par les brigades rouges, la loge P2, Aldo Moro, Pasolini, vous saurez (presque) tout sur l’Italie…

- La liste de mes envies de Grégoire Delacourt. Quand une mercière d’Arras gagne au Loto la somme 18 547 301 euros et qu’elle se met à réfléchir à ce qui pourrait lui faire envie alors le temps passe et... pendant ce temps… son mari passe à l’acte. Comme toujours, la femme pense trop mais, pour une fois, ce n’est pas elle qui dépense… Un livre qui se lit facilement, un livre pour l’été. Un auteur qui a le sens de la formule, c’est normal… il bosse dans la pub.

- Démons me turlupinant de Patrick Declerck. J’étais heureuse qu’ENFIN un psy nous parle de lui, de sa trajectoire, des raisons qui l’ont mené là où il est. Et puis quelle jolie plume ! Dans un style enlevé il nous embarque dans ses tourments, ses turpitudes intérieures avec finesse mais aussi acidité, drôlerie. Et puis, son amour des animaux ! Un psy qui vous avoue qu’il communique mieux avec eux qu’avec ses congénères on ne peut que le féliciter de démontrer autant d’authenticité. Mon seul regret : les allusions ou plutôt interprétations psychanalytiques dont je me serais bien passée. Mais bon, on sait bien que c’est le travers des psychanalystes, il faut qu’ils mettent leur science partout même là où ce n’est pas nécessaire. Un livre que je recommande pour sa singularité. En espérant qu’il fasse des petits.

- En cas de bonheur de David Foenkinos. Une histoire autour d'un couple qui, au fil des années qui passent, se laisse tenter par l'infidélité parce que si l'amour, dans le mariage, offre une certaine idée du bonheur, il lui arrive aussi qu'il assèche la séduction.

- Le rêve de l’homme lucide de Philippe Ségur. Simon Perse est un écrivain insomniaque qui nous entraîne dans les méandres de son imagination où nous finissons par ne plus distinguer le rêve de la réalité. Un livre à ne pas prendre au pied de la lettre mais plutôt au second degré. Une écriture reconnaissable entre mille, celle de Philippe Ségur qui a un vrai style. Une perplexité nous envahit parfois lorsque, perdu dans ses hallucinations, on se demande qui on est en train de lire et puis soudain… une perle nous rappelle à la réalité. En la matière, ma préférence va à la page 347, peut-être parce qu’en cette période justement on préférerait que le monde ne soit qu’un délire.

- Le cas Sneijder de Jean-Paul Dubois. Après avoir survécu à un accident d’ascenseur dans lequel sa fille a trouvé la mort, Paul Sneijder voit sa personnalité se transformer peu à peu. Il ne supporte plus sa seconde épouse, bien trop matérialiste à son goût, ni ses jumeaux de fils qui sont les répliques mentales de leur mère, ni son travail… Partant de ce constat il va décider de changer de vie en devenant dog walker (promeneur de chiens) après quoi il aura tendance à préférer la compagnie des animaux à quatre pattes. Le récit, à la fois cynique et drôle, dresse le portrait d’un personnage qui dès lors qu’il se soustraie aux exigences contemporaines et matérielles finit par apparaître comme fou aux yeux de son entourage.

- Rien ne s’oppose à la nuit de Delphine de Vigan. L’auteur nous dépeint le parcours épineux de sa mère en repartant des origines c’est à dire en remontant sur trois générations. Sans jamais ne juger qui que ce soit elle trace le portrait des différents membres d’une famille pour le moins originale. Malheureusement la fantaisie ne figure pas comme seul élément et l’on note que la folie s’y inscrit aussi. Des hommes jeunes qui se suicident -il y en aura trois- puis des femmes d’abord fantasques qui y pensent et pas seulement… Grâce aux témoignages qui lui viendront en aide afin de lui permettre de remonter le cours du temps on perçoit à quel point Delphine de Vigan aimerait découvrir l’origine du mal. Une chose est sûre, c’est un bel hommage à une mère disparue qui, à défaut d’avoir été publiée, deviendra l’héroïne d’un roman à succès.

- A l’enfant que je n’aurai pas de Linda Lê. Lettre à un enfant pas né, tel pourrait être le titre. L’auteur nous fait partager les doutes d’une femme quant au fait de procréer. Après avoir fait le choix de s’abstenir de cette responsabilité et nous en laisser entrevoir les raisons, on finit par être de tout coeur avec celle qui, par altruisme, a décidé de laisser à l’état de fantasme celui (ou celle) qui aurait pu souffrir de cette continuité. Elle lui a préféré la transmission par l’écriture et on lui en sait gré tant elle nous enchante par ces mots jetés sur le papier qui dansent et chantent la vie au travers d’une langue des plus fertiles.

- L’envie de Sophie Fontanel. Plus qu’un roman ce livre est un récit autour du thème du non désir. Pas de chronologie, juste des fragments d’histoires au fil du temps. Qu’en est-il de celui ou celle pour qui l’envie d’avoir envie n’est plus au rendez-vous ? Un livre qui se lit d’une traite, d’une écriture fluide et travaillée. Un sujet audacieux abordée en finesse avec toute la pudeur requise pour survoler le thème en toute élégance.

- Manifeste Hédoniste de Michel Onfray. Cet ouvrage, très réussi sur le plan esthétique, ne se propose pas de rassembler seulement une philosophie de l’auteur, non il nous montre comment à travers ses amis, ses goûts il appréhende l’existence. On savait la tendance qu’avait l’homme pour l’art culinaire, on a la surprise de découvrir qu’il fréquente l’art auprès de Titouan Lamazou, qu’il apprécie l’engagement de Garouste, l’énergie de Juliette, l’improvisation de Bedos… On est étonné par ce texte et ses invités. Ce n’est pas tant à la pensée de l’auteur qu'on est introduit qu’à son univers, pas tant au philosophe que l’on est confronté (sauf par brefs instants d’ailleurs pas toujours accessibles contrairement au livre en général) mais à l’homme dans sa globalité.

- Quitter le monde de Douglas Kennedy. Je n’avais rien lu de lui avant mais j’ai bien apprécié cette balade dans laquelle l’auteur nous emmène avec cette héroïne à qui il n’arrive que des malheurs mais qui parvient à surmonter ces coups du sort. Le style est efficace.

- Cosmétique de l’ennemi d’Amélie Nothomb. Cette fille est un génie dans son genre. Dans ce petit livre se noue un dialogue entre deux personnages et au fil des lignes on est pris au piège… Ca ne se raconte pas, ça se lit très vite.

- Quand le requin dort de Milena Agus. Un style bien à elle pour raconter une histoire de famille dans laquelle on est entraîné, celle des Sevilla-Mendoza. On y suit les aventures de la tante en quête du prince charmant, la fermeture au monde du frère, la relation sado-maso de l’héroïne… Je ne connaissais pas cet auteur, ce fut une promenade agréable sur un rythme enlevé.

- Un très grand amour de Franz-Olivier Giesbert. Quand un journaliste, écrivain se met à nu de la sorte on ne peut que s’émouvoir. Quand la souffrance morale se mêle à la souffrance physique on se demande si l’une va servir d’anesthésie à l’autre. Mais FOG est un homme très féminin, il souffre doublement dans ce roman très bien écrit.

- La méthode Schopenhauer d’Irvin D. Yalom. J’adore cet auteur qui possède l’art de nouer des intrigues à l’univers psy. Dans ce roman, il nous raconte l’histoire d’un psy qui, condamné, va recontacter un ancien patient et tomber dans la manipulation de celui-ci sur fond de philosophie Schopenhauerienne. De ce récit on pourrait tirer un très bon scénario de film.

- L’homme qui arrêta d’écrire de Marc Edouard Nabe. L’histoire d’un écrivain qui est lâché par son éditeur et qui finit par faire de cette expérience un livre. Le héros nous fait parcourir Paris heure après heure pendant plusieurs jours à un rythme effréné et tandis que l’auteur n’a pas arrêté d’écrire nous on se prend à ne pas arrêter de le lire. Jamais je n’aurais cru pouvoir dévorer de la sorte un pavé de 700 pages. On est pris par ses aventures continues qui, outre nous faire découvrir la capitale dans tous ses recoins, nous offre en pâture une pléiade de célébrités dans des postures pour le moins inédites. Avis aux curieux…

- Un léopard sur le garrot de Jean-Christophe Rufin. Médecin, écrivain, voyageur, cet homme au parcours surprenant possède une véritable plume qui lui valut un Goncourt en 2001. On découvre dans ce roman comment peut naître une vocation mais aussi comment on peut s’en éloigner en s’y trouvant confronté.

- Quelque chose à te dire de Hanif Kureishi. L’histoire d’un psychiatre pakistanais nous fait revisiter les années 70 dans la banlieue de Londres. Une société dépeinte avec profondeur et drôlerie.

- Tante Mame de Patrick Dennis. Un jeune orphelin est adopté et guidé dans l’existence par sa charmante et dingue tante. Drôle, mais n’exagérons pas, ce n’est pas hilarant, en revanche cela pourrait donner un très bon scénario. Je ne comprends pas pourquoi les anglo-saxons éprouvent le besoin de faire de leurs romans des pavés… si difficiles à manier et parfois un peu longs.

- Français, je vous haime de Stephen Clarke. Le temps d’un voyage en TGV j’ai dévoré ce petit livre dans lequel un journaliste anglais venu vivre en France nous décrit nos travers (enfin pas seulement). Une bonne leçon pour ceux qui se croient trop souvent les champions du monde. Un peu d’humilité ne fait de mal à personne et rien de mieux qu’un étranger pour vous décrire tels que vous êtes.

- L’Echappée belle d’Anna Gavalda. Trois frères et soeurs quittent une cérémonie de mariage pour aller rejoindre le petit dernier. On les suit dans cette échappée où, à la manières d’ados, ils vont livrer leurs émotions. C’est un livre qui peut parler à une certaine génération…

- La carte et le territoire de Michel Houellebecq. Dans la première partie on fait connaissance avec Jed Martin (double de l’auteur ?), photographe qui traverse l’existence en plongeant son objectif dans des cartes routières ce qui va l’amener à rencontrer Olga, une jolie (normal) Russe. Dans ce roman Houellebecq traite des sujets suivants : la relation au père, l’art contemporain, l’avenir de la France, le futur désenchanté… Je dois dire que j’ai largement préféré la seconde partie quand il met en scène son propre personnage et sa mort, là on approche le thriller. Quelque chose à voir avec Nabe dans ce roman qui a eu le Goncourt tout de même.

- Un homme de Philip Roth. Ca comence par l’enterrement du héros et à partir de là se déroule le fil conducteur de sa vie. A travers ses femmes, ses opérations, il porte un regard sur l’existence, enfin sur la sienne, mais qui ressemble tellement à tant d’autres. Déprimés, passez votre chemin !

- La délicatesse de David Foenkinos. C’est l’histoire d’une jeune femme qui se retrouve brutalement veuve et pour laquelle seul le travail va compter jusqu’à ce qu’un collègue finisse par la sortir de sa torpeur. Une vraie découverte pour cet auteur au style contemporain et à l’humour certain. Un seul bémol : je ne vois pas l’intérêt de consacrer un chapitre entier à la recette du risotto aux asperges.

- La pitié dangereuse de Stefan Zweig. Le seul roman écrit par S. Zweig. En 1913, dans une petite ville d’Autriche, un jeune officier va être présenté à la fille d’un châtelain. Quand il découvre qu’elle est paralysée, il est trop tard, et, à partir de ce moment, il va enchaîner, par pitié, toute une série d’actes qui le conduiront dans un piège. L’auteur décrit dans ce roman une infinité de sentiments avec une finesse psychologique étonnante et nous plonge dans les méandres de la société viennoise du début du 20ème siècle. Une très belle écriture.

- Un jour de David Nicholls. Un livre dans le style anglo-saxon autrement dit porté plus par l’histoire que par la forme. Il n’y a rien d’étonnant à ce que l’auteur écrive des scenario car le texte ressemble essentiellement à cela, une histoire pour un film. Cela amène d’ailleurs l’auteur à faire de grandes descriptions des scènes, des lieux dont parfois on n’a que faire. On se laisse prendre par l’histoire car évidemment on veut savoir au fil des ans ce qu’il adviendra de Em et Dex mais bon sang que c’est long ! Et quel pavé ! Les écrivains pensent-ils parfois que leurs livres pèsent lourdement sur nos bras ?

- Pas d’enfants, ça se défend ! de Nathalie Six. L’auteur, jeune journaliste, s’interroge sur les motivations à ne pas suivre le chemin classique, celui de la procréation. Pour son enquête elle part interroger des hommes et des femmes qui ont fait le choix de ne pas se reproduire. J’ai d’abord bien aimé le fait qu’elle équilibre les avis entre les hommes et les femmes ce qui jusque-là n’avait pas été fait, les autres ouvrages sur le même sujet ne s’étant intéressé qu’au non-désir féminin d’enfanter. J’ai moins aimé le fait qu’elle s’adresse à certains trentenaires dont le point de vue n’est peut-être pas complètement arrêté. Sur ce choix qui reste le fait d’une minorité, la jeune femme a rassemblé les motifs allant du refus de transmettre ses tares aux convictions philosophiques en passant par l’obstacle professionnel et nous dresse une belle étude sur les childfree.

- Homo Erectus de Tonino Benacquista. L’idée de départ était bonne, des hommes qui se réunissent pour parler des femmes. Oui, sauf que même si le style de Benacquista pourrait se vouloir sans reproches (édité chez Gallimard me direz-vous !) quoiqu’un peu alambiqué, le fond m’est apparu décevant. Denis, Philippe ou Yves, les personnages principaux tout au long du récit ne parviennent pas à se rendre attachants. A force d’être un mélange de tas d’hommes afin que la plupart puisse s’y reconnaître ils perdent en crédibilité et la fin de leur aventure ne nous surprend guère. Je suis restée sur ma faim même si l’auteur a certes une belle écriture et de ce point de vue je ne regrette pas mon détour.

Et aussi quelques BD :

- Le combat ordinaire de Manu Larcenet (T. 1,2,3)

- Cadavre exquis de Pénélope Bagieu

- L’effet Kiss pas cool de Leslie Plée

- Quartier lointain l’intégrale de Jirô Taniguchi

- La planète des sages de Charles Pépin et Jul

- Les derniers jours de Stephan Zweig de Sorel et Seksik

- Quai d’Orsay de Blain et Lanzac

- Olympe de Gouges de Catel et José-Louis Bocquet