Florence, Clara… et moi
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C'est parce qu'au moment de l’écriture de mon dernier roman une épidémie m’avait empêchée de me rendre à Florence où se jouait une partie de l’histoire que, des années plus tard, je m'étais décidée à marcher sur les traces de mon héroïne.
Certes, je connaissais la ville pour l'avoir déjà visitée mais pas suffisamment pour en faire une description précise. Parce qu’il avait bien fallu avancer malgré tout, au moment de l’écriture, j’avais donc eu recours aux services d’Internet. Ayant eu pour conséquence de nous empêcher de nous mouvoir, le virus n'allait pas, en plus, verrouiller notre imaginaire.
Mais si la technologie nous apporte son aide, elle nous prive aussi des sensations offertes par un vrai voyage. En allant chercher mes sources sur le Net, le risque était de passer à côté d’une certaine atmosphère. Contrairement à ce que procure une immersion totale dans une ville, un pays, quand l'esprit n'est nourri que des seules images (sur écran) et privé d'autres sens (olfaction, goût...), les éléments nécessaires à une juste interprétation viennent alors à manquer. Comme le disait A. Gide 'Il m'est égal de lire que les sables des plages sont chauds, je veux que mes pieds nus le sentent.'
Florence, capitale de la Toscane, ville riche de son architecture de la Renaissance l’est aussi de ses parfums. En effet, la ville regorge de boutiques de créations d’effluves qui fleurissent à tous les coins de rues !
Lorsque Clara, mon héroïne, se rend à la parfumerie Santa Maria Novella, elle s’émerveille devant le spectacle qui s’offre à elle (« Non seulement l’officine, créée par les moines dominicains du 13ème siècle, avait vu sa réputation grandir grâce à la préparation de baumes et de parfums appréciés des cours royales mais l’antique parfumerie était également reconnue pour ses œuvres d’artistes comme Giotto ou Masaccio… »). A mon tour, j'allais être séduite par la renommée parfumerie et son décor fastueux. Mais, en parcourant les ruelles de la ville, j’allais aussi découvrir d’autres boutiques aux ambiances feutrées et aux effluves enivrantes. Il en était ainsi de la boutique Aqua Flor où, de parfums d’ambiance aux bougies parfumées, ce lieu dédié aux senteurs vous ravissait les sens. C'est en voyant inscrit 'Jardin de Boboli' sur le flacon d'une des fragrances que me revint en mémoire l'endroit fort apprécié par mon héroïne pour y puiser un peu de quiétude (« … de tous les endroits, celui qui avait sa préférence, avec ses statues, ses fontaines et sa verdure surplombant la ville, se trouvait à l’arrière du Palazzo Pitti, dans les jardins de Boboli. » ).
Mais s'il fut une chose dont j’avais pu particulièrement me réjouir au cours de mon séjour à Florence c'était d’avoir réussi à mettre la main sur l’Eau Anti-Hystérique. Je m’étais d’ailleurs demandé, suite à l'évocation de cette préparation dans mon livre, si une eau dotée d’un tel pouvoir aurait pu, en son temps, conduire Freud à renoncer à la psychanalyse. Si de nos jours il n'était plus question de recourir à cette fameuse potion, l'espoir de tomber dessus ne m'avait pas quittée. Après quelques déambulations entre les murs du musée de Santa Maria Novella, le miraculeux produit avait fini par me sauter aux yeux. Exhibé à l’intérieur d’une vitrine, l’objet en question y faisait figure d’antiquité. Nul ne saurait le dire si l’eau anti-hystérique avait pu faire preuve d’une quelconque efficacité. Mais, une chose était sûre… elle avait bien existé.
Parce que les parfums ne seraient rien sans les fleurs et que la cité s’en voyait bien pourvue, toujours sur les traces de mon héroïne, j'étais allée explorer le Jardin des Roses qui surplombait la ville (« Comme lorsqu’elle avait visité le jardin des roses qui abritait, sur les collines de Florence, plus de six cents variétés de fleurs. »). Sur place, il m'avait fallu malheureusement me rendre à l'évidence : mon héroïne n'était pas la seule à aimer se prélasser sur les hauteurs sur la ville.
Un autre jour, c'est en passant près de la Librairie française qu'une vision de Clara pédalant le long de l’Arno m’était soudain apparue. Et puis, quelle étrange impression quand, arpentant la rue la plus chic de la ville, j'aperçus cette affiche 'A louer' au bas d'un ancien palais... Quelle coïncidence ! Il s'agissait bien de l'endroit imaginé pour mon héroïne qui, en visitant un appartement du centre de Florence, avouait une nette préférence pour les lieux chargés d'Histoire. Quand la réalité rencontre la fiction...
Enfin, au moment de franchir la porte de La Ménagère, ce concept store avec en son centre autant de fleurs que de livres, comment aurais-je pu ne pas tomber sous le charme d'un endroit d’une telle originalité ? Non seulement s'y trouvait tout ce qu’il y avait de plus délicat en matière d’objets pour la maison mais on pouvait également s’y délecter d’un merveilleux cappuccino matcha en terrasse. Sans parler des petits salons aux airs de boudoirs garnis de bibliothèques à l’étage ! Il n’en avait pas fallu plus pour qu’à l’instar de Clara, je succombe à mon tour face à tant de plaisirs réunis dans un même ensemble.
Impossible de quitter Florence sans aller contempler la vue sur le Duomo depuis un rooftop (« Du toit terrasse au-dessus du musée des Innocents s'offrait une vue splendide sur la ville. ») et tout à coup se surprendre à vivre la vie de son héroïne.
Et puis bien sûr voir le David et admettre n'avoir ressenti aucun syndrome…
Que dire de l’imagination confronté au réel ? Dès lors qu’un lieu est majestueux, rien ne vaut la réalité. Les livres ont une utilité pour raconter des histoires mais y décrire la beauté s’avère parfois difficile. Cependant l'écriture peut aussi se révéler une bonne préparation au voyage.
Un livre m'avait accompagné pour ce périple à Florence, je n'allais pas partir sans en rapporter un. Pas un simple livre d’art. Non, un livre de photos où des oiseaux s'invitent sur les œuvres d’art de la ville ('Firenze con le ali') devant l'objectif de son auteur.
CDG